Fête nationale 2014 pêle-mêle

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Bruxelles, le 21 juillet 2014. C’est le jour de la fête nationale, ou plutôt le dernier jour du long week-end de la fête nationale qui fut riche en péripéties diverses en matière d’aviation, pour ce qui me concerne. En effet, les expériences vécues ces jours-là étaient inhabituelles tout autant que passionnantes, voire même palpitantes

Un début de week-end exaltant
Le vendredi 18, Gossoncourt était inondé de soleil avec un ciel tout d’azur et sans le moindre nuage (« blue sky » comme disent les aviateurs) pour la réunion des membres des « Silver Spurs », c’est-à-dire les anciens pilotes de Lockheed F-104G Starfighter, l’avion mythique des années 60 et 70 où les pilotes chaussaient des étriers (spurs) qui devaient ramener leurs jambes vers l’arrière en cas d’éjection afin d’éviter qu’elles ne se brisent en se coinçant dans le cockpit exigu. Ils étaient une septantaine réunis pour évoquer tant de souvenirs lors du convivial barbecue organisé pour la circonstance. Mais cette belle journée était aussi émaillée de chouettes surprises…

Lors de la répétition pour le défilé aérien, le SF260M (ST34) aux couleurs de la patrouille des Red Devils vient saluer les anciens pilotes de F-104G réunis à Gossoncourt le 18 juillet 2014.

Première surprise : quelques anciens pilotes de F-104G, renforcés par quelques anciens pilotes de Mirage ou de F-16, sont devenus propriétaires et/ou pilotes d’un Stampe & Vertongen SV4, le biplan école sur lequel ils avaient effectué leurs premiers coups d’aile à l’Ecole de Pilotage Elémentaire. Ils avaient eu l’excellente idée d’amener leurs zincs pour la journée afin de permettre aux intéressés de (re)découvrir les joies du vol avec cet antique et agile petit biplan. C’est ainsi que cinq SV4 se trouvèrent alignés sur le tarmac jouxtant la tour de contrôle caractéristique de Gossoncourt : une scène que l’on n’y avait plus observée depuis près de 50 ans ! Tous les appareils ont volé à plusieurs reprises exclusivement avec des pilotes aux tempes grises ou alors… qui avaient carrément poussé « au travers de leurs cheveux ». L’ambiance était à la bonne humeur et le bonheur est manifestement doté d’une paire d’ailes… Sans entrer dans les détails, tant soit peu hors de propos dans le présent article, un petit vol acrobatique dans l’OO-GWA/V66 avec Danny Cabooter m’a fait à la fois grand bien et grand plaisir.

Les F-16AM (FA-132/86 et 116) de retour de Bruxelles passent en hommage aux Silver Spurs avant de regagner Kleine-Brogel.
Avec la tour de contrôle caractéristique de Gossoncourt à l’arrière-plan, l’OO-SVG est prêt à partir pour un vol avec son propriétaire-pilote Johan De Block, ex pilote de Sea King, aux commandes et André Muller, ex chef de corps du 15ème Wing, au poste avant. L’OO-SVG/V21 fut le gardien monté sur pylône à l’entrée de ce même aérodrome pendant une dizaine d’années.

Deuxième surprise : le salut (ou l’hommage) des pilotes actuels de la Composante Air, leaders des diverses formations qui effectuaient une répétition afin de prendre leurs marques pour le défilé du 21 sur Bruxelles et avaient fait un crochet par Gossoncourt. Apparemment ravis de la manip, les F-16, Alphajet et Marchetti SF260 ont « buzzé » l’aérodrome tirlemontois à plusieurs reprises, tandis que le trio de C-130H prit l’assistance par surprise, car débouchant à très basse altitude du bosquet masquant la façade ouest des hangars, comme s’ils allaient faire un poser d’assaut. Les anciens n’ont pas boudé leur plaisir; merci aux jeunes jockeys de l’air force.

Réunis à Gossoncourt le 18 juillet 2014 et faisant le plein pour le retour au bercail, les SV4 OO-GWA/V66, OO-SVG/V21, OO-MON/V30, OO-SVB/V43 et OO-GWB/V29 : il y a, foi de Pingouin, belle lurette qu’on n’avait vu autant de SV4 sur le tarmac de l’ancienne Ecole de Pilotage Elémentaire.

Le défilé aérien sur Bruxelles
Le défilé aérien du 21 juillet 2014 fut en demi-teintes, comme souvent et à cause de la météo ingrate due aux sempiternels « cyclones mobiles des régions tempérées ». Le plafond était gris, soudé et bas, comme ont pu le constater la bonne centaine de passagers invités à y prendre part en vol. La majeure partie d’entre eux devait voler à bord du nouvel Airbus A321 de la Défense et tel fut aussi notre cas. Nous espérions que le plafond se lèverait, la visibilité horizontale étant bonne, ce serait pratiquement un vol normal pour la Belgique. Malheureusement, et en fonction de la loi dite de la vexation universelle, le temps alla en s’empirant, d’où l’interrogation : défilera/défilera pas? Après l’attente à l’aérogare militaire en redoutant l’annulation, les autorités décidèrent de faire voler en tous cas les avions de transport et l’embarquement dans l’A321 s’est fait en accordéon par paquets successifs de passagers. Les trois C-130H Hercules, le C160 Transall allemand et l’Embraer ont entamé leur taxi juste avant l’Airbus A321 qui fermait la marche. Après un décollage sans problème de la piste 20 de Zaventem, l’A321 a mis le cap sur Gembloux pour faire ensuite un vaste circuit autour de Bruxelles en passant par Nivelles, Enghien, Ninove et Aalst. Le plafond était fort bas par endroits, particulièrement vers Ninove, avec même quelques averses au loin où l’on pouvait voir l’Airbus A400M caractéristique avec ses hélices à huit pales volant de l’ouest en direction de Bruxelles.

Accroché dans le hall de départ de l’aérogare militaire, la maquette au 1/10ième du Fairchild C-119G Flying Boxcar immatriculé CP10/OT-CAJ; le vrai finement restauré par les anciens du 15ème Wing est exposé sur le parade ground de la caserne Groenveld en face de l’entrée de l’aérodrome militaire de Melsbroek.

Dans le cockpit de l’A321, les Commandants Antoine et Decock commentaient les phases de vol et signalaient les villes survolées au fur et à mesure, leurs commentaires étant suivis avec grand intérêt par les nombreux passagers dont s’occupait le personnel de cabine composé des Adjudants Knaepen et Van der Auwera ainsi que du 1er Caporal Chef Bruyninckx.

L’Airbus A321 (immatriculé CS-TRJ au Portugal) pris en leasing par la Défense au début de cette année attend sur le tarmac militaire de Melsbroek l’embarquement des passagers pour le défilé aérien sur Bruxelles.
Les pilotes de l’A321 à l’issue du minitour de Belgique et du défilé sur la capitale qu’ils ont si généreusement commenté pour les passagers. A gauche, le Commandant Antoine de la 21ème Escadrille du 15ème Wing et à droite, le Commandant Bart Decock (mon homonyme) qui a fait toute sa carrière chez DAT (Delta Air Transport), SABENA et Brussels Airlines, dont il était fleet manager en 2003.

De toute évidence, la décision fut prise de faire défiler les appareils sur Bruxelles malgré le plafond bas, l’Airbus A321 entrant fréquemment dans la base compacte de nuages mais, comme nous l’avons appris plus tard, les F-16 ne participèrent pas au dispositif, en ce compris les deux qui devaient escorter l’A321 lors de son passage sur la capitale.

L’élément inusité du défilé de 2014 était sans conteste la formation hybride d’hélicoptères de l’EUBG (European Union Battle Group), c’est-à-dire la force européenne de réaction rapide présidée par la Belgique pour la période courant de juillet à décembre 2014. Cette formation, rare sous nos cieux, comprenait un Agusta A109 du Wing Heli de Beauvechain, un Sikorsky CH-53 Stallion allemand et un Boeing-Vertol CH-47 Chinook birotor néerlandais. Pour la première fois aussi dans le défilé aérien, on a pu voir deux hélicoptères lourds NH90 pris en compte récemment par la Composante Air des forces armées belges.

Retour au paddock à l’économie pour le dernier C-130H Hercules (CH-03) ayant défilé sur Bruxelles, celui-ci taxie avec les moteurs intérieurs coupés.

Finalement, le défilé de la fête nationale 2014 était en demi-teintes, comme souvent du fait d’une météo fluctuante mais, pour ce qui me concerne, le 21 juillet de cette année était particulièrement faste grâce aux péripéties auxquelles il me fut donné de participer pêle-mêle…

Remerciements aux Adjudants Philippe Van Huyck et Jozef Vanden Broeck d’IPR Comopsair pour leur aide efficace.

Texte et photos: Jean-Pierre Decock

Jean-Pierre Decock

Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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